Getaway s’est positionnée au cœur de l’archipel Alexandre, en Alaska du Sud-Est. Pour plus de détails sur ce point, voir Getaway ~ un peu de géographie.

La communauté s’est installée sur le site d’une ancienne communauté du 19e siècle, abandonnée de longue date. Le choix n’est pas idéal d’un point de vue patrimonial, mais a plusieurs avantages, notamment celui majeur de l’accès à la seule façade maritime de l’île pouvant accueillir un petit port.

Elle n’a techniquement pas été fondée récemment. Par un tour de manche juridique, James Leroy a récupéré les actes d’une ancienne communauté incorporée du 19e siècle, située au même endroit, et l’a renommée comme telle.

Le statut de communauté incorporée est important, il permet à la communauté de Getaway de s’épargner la soumission à une autre municipalité et peut ainsi s’organiser selon ses désirs, dans les limites fixées par l’acte. En effet, comme dans tous les Etats Unis d’Amérique, certaines lois fédérales et étatiques s’appliquent, mais l’acte ancien offre une très large autonomie à Getaway.

Cela signifie que Getaway peut prendre ses propres décisions politiques, fiscales et territoriales, mais qu’elle doit aussi subvenir à ses propres besoins (elle ne bénéficie pas ou peu de subventions) et à certains devoirs municipaux, comme le maintien de l’ordre, l’hygiène publique ou encore l’entretien de la voirie.

Les quais en dur et les vestiges récupérables de l'ancienne communauté ont été conservés dans la mesure du possible mais, outre quelques baraques abandonnées, il reste très peu de témoignages du passé. Le village était en ruines et trop dangereux.

James Leroy a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Le plan urbain a été pensé pour créer de petits quartiers adaptés au modèle de mutualisation répartis autour du centre et de ses services essentiels situés sur la côte.

Les nouvelles constructions suivent de stricts techniques de construction écologiques afin d'être frugales et de ne pas défigurer le site naturel. Solaire et éolien sont omniprésents afin de rendre la communauté aussi autosuffisante que possible. Les toilettes sèches compostables sont généralisées pour économiser l'eau et participer à la production agricole locale.

Partie d’une idée de société nouvelle, Getaway ose expérimenter un nouveau type de gouvernance et de contrat social, tout du moins dans la région.

Vue de l’extérieur, elle peut parfois être qualifiée de régressive, traditionaliste, voire sectaire. Cela peut se comprendre par le fait que Getaway privilégie la communauté à l’individu. Il est ainsi normal de voir des foyers partager certains biens à usage saisonnier ou peu fréquent, comme une pelle à neige par exemple. Dans la commune, beaucoup d’équipements sont mutualisés et faire tourner votre machine de linge vous permettra ainsi de discuter avec vos voisins et de prendre des nouvelles.
Le principe de mutualisation est défini plus bas.

Il faut s’y rendre pour réaliser que l’individu garde une place importante à Getaway. En particulier, ses droits sont respectés, qu’il s’agisse des droits fondamentaux ou des droits acquis plus récemment aux Etats-Unis. Un individu ne sera pas jugé pour sa religion, son genre, son orientation sexuelle ou même s’il aime Twilight. Par définition, ce qui se passe chez soi reste chez soi, à condition, bien sûr, qu’on n’enfreigne pas les lois.

La liberté s’arrêtant là où commence celle des autres, on s’attend à ce que l’individu partage ce respect envers les autres et participe à la communauté. De même, s’il n’y a pas de persécution politique à Getaway, y vivre et y respecter certaines lois implique généralement une certaine sensibilité de Gauche et écologiste, la communauté étant tournée vers le partage et le bien commun.

La communauté cherche un équilibre entre les intérêts de l’individu et du groupe. Pour cela, elle applique la démocratie directe. Chaque membre de la communauté peut participer aux assemblées convoquées périodiquement, en cas d’événement spécial ou à l’appel motivé d’un groupe de résidents. Le maire et son administration ne sont là que pour appliquer les décisions votées par le groupe. Les décisions exécutives du maire sont d’ailleurs ouvertes au jugement de la communauté et il peut être révoqué à tout moment.

Les services publics sont assurés par la commune pour la communauté. Il s’agit de charges dont la commune prend la responsabilité, par acte de loi ou par décision locale. Cela implique autant l’entretien de la voirie que l’hygiène et la sûreté publique. Il existe donc une équipe d’employés communaux et un shérif, mais aussi une administration communale basique.

Les services mutualisés sont des services dont il a été convenu que le coût serait partagé au sein de la communauté. Ce n’est en rien une mesure obligatoire ou dépendant de la commune, même si, en l’état, la commune gère les infrastructures s’il y en a. Cela concerne autant la laverie que le partage d’outils de jardinage au sein du quartier. Tout le monde participe aux coûts dans l’idée de dépenser moins à terme, et c’est aussi une façon de réduire son empreinte écologique.

On n’entre pas à Getaway n’importe comment. En général, l’absence de route, la nécessité de prendre un petit ferry de passage deux fois par semaine et le cadre très isolé découragent les moins motivés, mais la communauté s’est prémunie des entrées qui ne correspondraient pas à l’esprit de Getaway par quelques mesures.

D’abord, les prétendants se voient présenter un condensé des règlements communaux, incluant les mesures de préservation écologique et les principes de la démocratie directe. La liste des contrats de mutualisation est aussi passée pour se préparer à y participer. En général, les plus individualistes et les moins sensibles à la cause climatique rentrent chez eux par le même ferry.

Ensuite, des documents sont à fournir pour l’enregistrement en mairie. Ces documents incluent les plus communs (carte d’identité, passeport…), mais aussi le dernier contrat de travail et un extrait de casier judiciaire. Officiellement, on prépare l’insertion, ce qui est vrai. Officieusement, on identifie aussi les ennuis potentiels. Ceux qui ont des choses à se reprocher rebroussent souvent chemin d’eux-mêmes.

Ces deux étapes passées, il ne reste plus qu’à s’installer !

Getaway n’était pas située sur une terre vierge. Indigènes et entrepreneurs locaux tirent des ressources de ses terres et ses eaux, en particulier du poisson, du bois et des fourrures.

Il a été décidé de ne pas interférer avec leurs activités, mais les lois communales ont établi certaines contraintes écologiques. La pêche raisonnée et la coupe durable ont ainsi été imposées sur le territoire et la protection de la faune est prise très au sérieux par les autorités qui surveillent le seul point de sortie maritime de l’île. Des normes sévères en matière de pollution et de traitement des déchets sont également en vigueur.

Si les indigènes apprécient globalement ces mesures, qui participent à la préservation de la nature sur leurs territoires ancestraux, les entreprises ont beaucoup moins apprécié. Il existe donc des tensions entre Getaway et les installations préexistantes, qui cherchent à se dissocier autant que possible de la communauté.